mercredi 25 octobre 2017

La fille du van, Ludovic Ninet

Le premier roman de la semaine s'intitule La Fille du van, et a reçu quelques belles critiques au sein du cercle des 68 premières fois. L'auteur, Ludovic Ninet, est journaliste sportif spécialisé dans le domaine du rugby. Ce qui ne se sent pas vraiment à la lecture du roman, l'illusion est garantie ! 


Libres pensées...

Sonja, la trentaine, aussi belle que paumée, vit dans un van. Dans une ville, elle fait la rencontre de Pierre, sur un marché, puis de Sabine, qui la voit sur la plage. Tous deux sont immédiatement séduits par cette créature rousse et solaire, comme beaucoup de ceux qui croisent la route de Sonja. Mais Sonja garde ses secrets enfouis : l'enfant qu'elle a eu avec Vincent, et qui vit quelque part avec son père, son expérience de la guerre d'Afghanistan, qui l'a brisée, et ces visions d'horreur qui la hantent encore chaque jour. Alors que Sonja tâche de se reconstruire, de se lier avec d'autres personnes, Vincent fait irruption dans sa vie.

La Fille du van repose sur des thèmes qui sortent quelque peu des sentiers battus, et pour cela, méritent un détour : l'expérience de la guerre à l'époque actuelle et les séquelles portées par ceux qui ont combattu, le nomadisme, l'inadaptation au schéma de vie classique répandu dans notre société. Et puis, en toile de fond, la solitude et ses remèdes, principalement l'amour, qu'il vienne de nouvelles rencontres ou de l'enfant, incarnant le lien indéfectible, la garantie que l'on ne sera plus seul.

Malheureusement, le récit est desservi par de nombreuses faiblesses. Tout d'abord, les protagonistes en eux-mêmes : l'intérêt du personnage de Sabine me paraît fort douteux, dans la mesure où l'intrigue serait peu ou prou la même si elle n'existait pas. Mais, elle permet d'introduire la dimension bisexuelle chez Sonja, et ça, ça plaît, n'est-ce pas ?
Quant à Sonja, penchons-nous sur le cas : l'auteur exacerbe à l'extrême sa sensualité, en fait un objet de désir quasiment absolu, ce qui met mal à l'aise au fil des pages, et prend trop de place, selon moi, par rapport au reste de l'intrigue qui est justement plus profond. J'y ai vu soit une approche un peu trop marketing (donnons aux lecteurs ce qu'ils veulent : du cul!), soit une fixette de l'auteur qui a fantasmé ce personnage et le conçoit en grande partie de manière sensuelle/sexuelle (mais dans ce cas, comme on dit, kill your darlings! Les traumatismes qui hantent Sonja sont suffisants pour en faire un personnage intéressant, et cette sensualité débordante est décrite à la manière d'un roman érotique médiocre).

A présent, l'intrigue : convenue, attendue, la fameuse mort d'un personnage que l'on prévoit dès le début, il n'y a guère de surprise, et c'est toujours dommage.

Enfin, et cela a sans doute été le pire pour moi : le récit est, toujours selon moi, très mal écrit. Pour preuve, je vous retranscris dans la section "morceaux choisis" ci-dessous un passage qui reflète précisément ce que je reproche à l'écriture.
C'est dommage, d'autant que le récit est à cet égard inégal, et que d'autres passages sont très honnêtes. Un travail supplémentaire aurait donc permis d'homogénéiser le style, d'éviter les maladresses qui font mal à lire, et de renforcer le roman qui, une fois de plus, peut attirer un lectorat large de par son titre et son synopsis. L'auteur aurait sans doute mérité d'être un peu plus accompagné. 

Pour vous si...
  • Vous n'êtes pas regardant sur les questions de style / intrigue facile / consistance des personnages.
  • Vous passeriez tout à une rousse flamboyante (parce que, dans les romans, toutes les rousses sont flamboyantes, on croirait que les deux mots sont indissociables). 

Morceaux choisis

"En France, l'idée de mourir au combat n'est qu'un concept. L'idée même de combat est un concept. Et c'est pourtant le but ultime pour un militaire. L'engagement. Se servir de son arme.
Tuer un ennemi."

"Il va falloir tirer un trait, Sonja. Un de plus.
Elle se rappelle son corps en elle et croit avoir baisé avec un mort.
Elle prétendait le connaître...
Putain, Pierre, pourquoi as-tu sauté?" (passage de littérature officiellement le plus mal écrit de l'année)

"Je suis chien errant et j'ai le droit d'être mère. Et de le redevenir. Et de ne me sentir coupable de rien. Avec mes plaies, mes bosses, mes chagrins, mes souffrances et la fierté, peut-être, d'y avoir survécu."


Note finale
2/5

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