Premier roman d’un jeune auteur, La purge promettait le procès des classes préparatoires aux grandes écoles. Je ne pouvais pas manquer un tel spectacle.
Le sujet est polémique, bien sûr, pourtant ce n’est pas ce qui frappe le plus à la lecture de La purge. Dès les premières lignes, la prose prend à la gorge, écho d’un autre siècle, d’une verve surannée.
Moi qui suis pourtant une amoureuse des belles lettres, je n’ai pas trouvé l’écriture à mon goût, parce qu’elle m’a semblé surgir d’un autre temps, et qu’il ne me paraît pas pertinent de chercher ainsi à la ressusciter. Imaginez qu’un auteur convoquer le style rabelaisien et l’ancien français : cela aurait de quoi surprendre, et donnerait un sentiment d’anachronie. C’est justement ce sentiment qui m’a habitée tout au long de la lecture, faisant peu à peu naître un malaise.
Venons-en au sujet : le narrateur décrit son expérience en classe préparatoire, jusqu’à ce que son renvoi soit prononcé. Il prend le parti de se présenter en « rebelle » dans un milieu qui n’accepte que la conformité et le respect d’une « tradition d’excellence ». Les autres élèves seront des moutons, et lui sera le loup, celui qui ne se plie pas aux usages hérités d’un autre temps (si ce n’est à travers son écriture, qui renvoie au souffle épique des grandes épopées romantiques).
Son combat semble perdu d’avance, lui face à l’institution, et assez rapidement, on a le sentiment qu’il cherche à travers ce récit qui se voudrait tantôt drolatique, tantôt grave, et toujours dans un style emphatique, à se faire justice, à régler ses comptes avec l’établissement qui ne l’a pas reconnu à sa juste valeur. Car le motif qui conduit à son départ n’est pas lié à la défense d’une cause, il est finalement trivial.
Ainsi, le thème est très intéressant, mais n’est qu’un prétexte, dès le début l’esthétisme prend le pas, et sonne faux. Il y avait beaucoup à dire, pourtant, que d’autres ont déjà tenté de dire, sur l’élitisme forcené, l’entre-soi, la reproduction sociale, les mécanismes à l’œuvre menant au succès de quelques-uns que l’on pourrait identifier dès leur entrée en hypokhâgne, car alors tout, ou presque, est déjà joué.
"Cachée sous la façade d'un bâtiment classé, ma chambre avait le charme enivrant des clapiers."
"Nous ne voudrions pas que l'auteur de ce livre donne la fausse impression d'une exagération aux petits incrédules qui ont cette manie pour le moins agaçante de prêter aux récits qui sortent de l'ordinaire des intentions ludiques et des tournures de style ; nous ne sommes coutumiers, comme on l'aura noté, en aucune façon de ces effets de manche qui veulent impressionner ou faire rire un public naïf ou complaisant ; notre affaire est sérieuse." (le moment sans doute où l'auteur entrevoit avec clairvoyance quelles objections lui seront adressées)
"Ma parole est sacrée ; elle est tribunitienne. Elle porte en elle la foule de ceux qui ont la vie pour souffrir les offenses, et qui n'ont pas le verbe pour les montrer au monde, cette lumière divine sans laquelle on ne voit rien ; car les hommes sont aveugles sans les mots, comme ils sont aveugles sans amour ; l'amour est la pupille, et les mots leur soleil. Que peut-on voir sans soleil ? Les muets sont invisibles." (malheureusement, le combat mené n'est pas à la hauteur de l'héroïque intention...)
Libres pensées...
Le sujet est polémique, bien sûr, pourtant ce n’est pas ce qui frappe le plus à la lecture de La purge. Dès les premières lignes, la prose prend à la gorge, écho d’un autre siècle, d’une verve surannée.
Moi qui suis pourtant une amoureuse des belles lettres, je n’ai pas trouvé l’écriture à mon goût, parce qu’elle m’a semblé surgir d’un autre temps, et qu’il ne me paraît pas pertinent de chercher ainsi à la ressusciter. Imaginez qu’un auteur convoquer le style rabelaisien et l’ancien français : cela aurait de quoi surprendre, et donnerait un sentiment d’anachronie. C’est justement ce sentiment qui m’a habitée tout au long de la lecture, faisant peu à peu naître un malaise.
Venons-en au sujet : le narrateur décrit son expérience en classe préparatoire, jusqu’à ce que son renvoi soit prononcé. Il prend le parti de se présenter en « rebelle » dans un milieu qui n’accepte que la conformité et le respect d’une « tradition d’excellence ». Les autres élèves seront des moutons, et lui sera le loup, celui qui ne se plie pas aux usages hérités d’un autre temps (si ce n’est à travers son écriture, qui renvoie au souffle épique des grandes épopées romantiques).
Son combat semble perdu d’avance, lui face à l’institution, et assez rapidement, on a le sentiment qu’il cherche à travers ce récit qui se voudrait tantôt drolatique, tantôt grave, et toujours dans un style emphatique, à se faire justice, à régler ses comptes avec l’établissement qui ne l’a pas reconnu à sa juste valeur. Car le motif qui conduit à son départ n’est pas lié à la défense d’une cause, il est finalement trivial.
Ainsi, le thème est très intéressant, mais n’est qu’un prétexte, dès le début l’esthétisme prend le pas, et sonne faux. Il y avait beaucoup à dire, pourtant, que d’autres ont déjà tenté de dire, sur l’élitisme forcené, l’entre-soi, la reproduction sociale, les mécanismes à l’œuvre menant au succès de quelques-uns que l’on pourrait identifier dès leur entrée en hypokhâgne, car alors tout, ou presque, est déjà joué.
Pour vous si...
- Vous ne comprenez pas ce que l’on peut trouver à l’écriture de Despentes, pour votre part vous vous sentez très à l’aise avec un style grandiloquent et un vocabulaire rare
- Vous regrettez le bon temps de votre hypokhâgne
Morceaux choisis
"Cachée sous la façade d'un bâtiment classé, ma chambre avait le charme enivrant des clapiers."
"Nous ne voudrions pas que l'auteur de ce livre donne la fausse impression d'une exagération aux petits incrédules qui ont cette manie pour le moins agaçante de prêter aux récits qui sortent de l'ordinaire des intentions ludiques et des tournures de style ; nous ne sommes coutumiers, comme on l'aura noté, en aucune façon de ces effets de manche qui veulent impressionner ou faire rire un public naïf ou complaisant ; notre affaire est sérieuse." (le moment sans doute où l'auteur entrevoit avec clairvoyance quelles objections lui seront adressées)
"Ma parole est sacrée ; elle est tribunitienne. Elle porte en elle la foule de ceux qui ont la vie pour souffrir les offenses, et qui n'ont pas le verbe pour les montrer au monde, cette lumière divine sans laquelle on ne voit rien ; car les hommes sont aveugles sans les mots, comme ils sont aveugles sans amour ; l'amour est la pupille, et les mots leur soleil. Que peut-on voir sans soleil ? Les muets sont invisibles." (malheureusement, le combat mené n'est pas à la hauteur de l'héroïque intention...)
Note finale
2/5
Je ne sais pas si vous avez lu ce livre.... La première de couverture ne correspond pas !
RépondreSupprimerJe vous recommande de poursuivre votre lecture dans ce cas, pour vérifier par vous-même si le contenu est bien celui dont je parle... Il n'est pas dans mes habitudes d'écrire sur un livre dont je ne serais pas venue à bout ! ;) En revanche, il est fort possible que votre avis diffère du mien quant à son appréciation, peut-être est-ce là ce que vous entendiez?
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