Une vie de pierres chaudes, premier roman d'Aurélie Razimbaud, nous emporte dans l'Algérie indépendante des années 1970.
Libres pensées...
En 1970, Rose n’a pas vingt ans lorsqu’elle rencontre Louis par l’intermédiaire d’Antoine, un trentenaire qui vit à Alger tout comme elle et ses parents. Rose et Louis se marient, et ont une fille, Violette. Mais Rose souffre de la distance de son époux, ses absences répétées dont elle découvre bientôt qu’elles ne s’expliquent pas par son travail, mais par une double vie. Car avant de la rencontrer, Louis a fait la guerre d’Algérie aux côtés d’Antoine, et cette sombre période a laissé des marques profondes dans sa vie : Louis est resté traumatisé par les événements qu’il a traversés, et a gardé des secrets connus de lui seul.
Une vie de pierres chaudes conjugue des ingrédients efficaces, sans pour cela verser dans la légèreté, du fait des thèmes évoqués, depuis la guerre d’Algérie jusqu’au déchirement d’une famille, d’un homme tâchant d’assumer ses responsabilités, d’une femme délaissée souffrant de solitude et d’incompréhension, d’une fille impuissante face au délitement de son foyer.
La structure du récit est complexe, du fait des allers et retours entre plusieurs périodes : les années 60, les années 70-80, et la fin des années 90. Cela ajoute cependant à sa richesse.
Le personnage de Louis est central dans l'intrigue, parfois sans doute au détriment de certains personnages secondaires, à l'instar d'Antoine, qui est récurrent sans pour autant que sa relation avec Louis soit pleinement détaillée. Rose et Violette, quant à elles, forment des figures contestataires, en opposition à Louis, qui subissent une situation sans pouvoir la nommer. Le personnage d'Afalkay, que l'on découvre au fil des pages, prend peu à peu une place, mais aurait pu lui aussi être davantage exploré.
Quant au style, très fluide, il renforce le cadre très romanesque du récit, proposant une peinture vibrante d’Alger dans les années 1970.
Le sujet de la guerre d’Algérie, abordé ici depuis l’angle de vue des Français expatriés en Algérie pour y travailler et y avoir une vie aisée, est intéressant, d’autant plus que l’on peut voir ses effets dans le temps, et que le parti pris de l’auteur est de mettre en lumière les tortures infligées par l’armée française à l’ennemi, rejetant en cela toute complaisance.
Ainsi, de par son format relativement court (240 pages), son rythme, son cadre et l'époque choisie, Une vie de pierres chaudes constitue un premier roman captivant et sensible, extrêmement prometteur.
Pour vous si...
- Vous vous intéressez à l'approche littéraire des événements de la guerre d'Algérie
Note finale
3/5
(cool)
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