samedi 19 décembre 2015

Les brutes, Philippe Jaenada

Pour ceux qui auraient manqué ce billet, Philippe Jaenada est ma dernière marotte, celle qui aura illuminé ma fin d'année 2015, relativement morose par ailleurs, rapport à l'ambiance parisienne désastreuse dont vous, rusés lecteurs, aurez identifié les causes évidentes.
Mon exploration se poursuit avec un petit roman tout prometteur, Les brutes.



Le synopsis
Le protagoniste, habilement nommé Philippe Jaenada pour brouiller les pistes, redoute dans sa vie trois épreuves capitales : le catéchisme, le service militaire, et le mariage. Après nous détailler dans les premières pages comment il a brillamment fait face à la première et à la dernière d'entre elles, il entreprend de relater la façon héroïque dont il s'est confronté à son service militaire.

Mon avis

Je ne vous raconte pas quel a été mon plaisir en retrouvant la verve adorée de Philippe.
Même sur un court récit, il ne démérite pas, et n'a aucun scrupule à démonter toute la mythologie du mariage, celle de la religion, et celle de l'armée.
En ce qui me concerne, partageant peu ou proue l'ensemble de ses points de vue, pas de problème de divergence d'opinion qui entraverait la joie de la lecture, qui, partant, a été absolue.
Philippe Jaenada a un sens des mots et un sens des images qui rend vivace et jubilatoire tout ce qu'il écrit, dirait-on. A ce stade, il est sans doute exagéré de ma part de conclure à une telle généralité, mais vous me connaissez, je suis une fille du sud, et qui dit sud dit exagération et annihilation de toute forme de mesure et de réserve (mais pas de cliché, obviously - ouh, on dirait que Catherine Dousteyssier-Khoze déteint sur moi!!).
Cela ne m'empêchera pas de poursuivre avec enthousiasme et frénésie ma découverte de l'oeuvre de Philippe (rien, d'ailleurs, ne pourra m'en empêcher - il faudra me passer sur le corps!! Ce qui ne serait d'ailleurs pas une désagréable idée en soi).
En bref, si vous avez envie de vous divertir en lisant l'histoire d'un jeune homme qui décide de faire acte de résistance en refusant d'accomplir son service militaire, et en établissant pour cela une stratégie par à-coups, un récit empreint de dérision et de second degré, accordez-vous un moment de répit et lisez Les brutes. 85 pages de réjouissance, et, en plus, y'a des dessins.


Pour vous si...
  • Les extraits ci-dessous vous arrachent des spasmes de rire (ou, à défaut, un léger sourire - c'est déjà une bonne disposition)
  • Vous cherchez vous aussi la meilleure manière de vous tirer d'un faux pas, d'un piège ou toute sorte de traquenard que la vie vous tend sournoisement (une vieille dame ou une femme enceinte qui vous demande de lui laisser la place assise que vous couvez jalousement telle une cane ses canetons // votre client qui vous demande de venir assister à une réunion à Montigny le Bretonneux lundi prochain à 8h30 // la pancarte du macdo qui dit que les bornes automatiques sont hors service)
  • Il vous semble invraisemblable que des générations de gens se soient soumis à quelque chose comme le service militaire pendant UNE ANNEE ENTIERE de leur vie. Franchement, c'est incroyable. 

    Morceaux choisis

    "Quand on ne veut pas faire une chose, la méthode la plus sûre pour éviter d'avoir à la faire, c'est de ne pas la faire, évidemment. Ça paraît tout bête, et ce n'est pas qu'une apparence, mais c'est la méthode la plus sûre, de loin."

    "Bien que parfaite en théorie, la parade "de la tortue qui pense à du saucisson" venait de me mener en quelques secondes à l'endroit exact où je n'avais pas envie d'aller. C'est que, dans la théorie, j'avais oublié d'inclure le soldat bourru qui prend la tortue et la pose ailleurs. [...] La tortue, c'est trop mou. C'est bien, ça ne se laisse atteindre par rien, c'est dans sa bulle, mais du coup ça s'en fout de faire son service militaire, c'est trop mou. Moi je ne m'en fous pas. Je suis, il faut que je me le tienne pour dit, je suis le mouton enragé. C'est mieux. Le puissant mouton enragé."

    "Je suis un asocial qui ne supporte pas la promiscuité, ce n'est pas de ma faute, j'ai été élevé dans les bois par des écureuils et la présence d'êtres humains me rend fou d'anxiété." (<3 <3 <3 mon âme sœur, je vous dis!)

    "Le 15 janvier, jour J (comme joie, jeunesse, jubiler, java, jambon), j'ai repris le train pour Blois."

    "Si jusqu'à maintenant je ne me suis pas fait attraper, c'est grâce à la stratégie ingénieuse que les Trois Jours m'ont permis d'expérimenter :
    1. Refuser de se laisser faire
    2. Rester calme
    3. Avoir une arme
    (Je suis un grand stratège, un génie du combat, un pionnier de l'affrontement)."


    Note finale
    3/5
    (cool)

    Aucun commentaire:

    Enregistrer un commentaire