jeudi 9 août 2018

Post scriptum, Alain Claude Sulzer

En 2015, je vous parlais brièvement d'un roman de Alain Claude Sulzer, Un garçon parfait. J'avais gardé un doux souvenir de cette lecture, qui m'a donné envie de lire un autre roman de l'auteur, et mon choix s'est porté sur Post-scriptum


Libres pensées...

En 1933, en Suisse, Walter travaille dans un bureau de poste, et rêve de rencontrer l'acteur Lionel Kupfer, qu'il admire. Aussi, lorsque ce dernier descend en ville et loge dans l'hôtel où travaille sa mère Thérère, Walter met en place un stratagème pour provoquer cette rencontre.
Walter et Lionel deviennent amants, mais alors que Walter porte à Lionel un amour idolâtre, leur romance est brutalement interrompue par l'arrivée d'Eduard, le premier amant de Lionel, qui vient lui annoncer qu'il ne jouera dans le prochain film où on lui avait promis un rôle, parce qu'il est juif. Lionel quittera alors la Suisse pour rejoindre les Etats-Unis.
Des années plus tard, Walter et Lionel se croiseront dans un avion, sans faire mine de se reconnaître.

Je viens de relire le court avis que j'avais rédigé au sujet d'Un garçon parfait, et, étonnamment, je réalise que mon ressenti à la lecture de Post-scriptum est très proche de celui d'alors.

Il y a de très belles choses dans ce texte, qui rendent la lecture vivante : le contexte, tant en termes d'époque que de cadre - Sulzer excelle à peindre cette ambiance faite de luxe à la limite de la décadence, ces manières et ces codes propres au milieu très fermé des nantis, la nonchalence qui se dégage de lieux faits pour l'indolence et l'entre-soi -, les relations et les états d'âmes des personnages, et certains sujets graves, qui sont abordés en filigranes, mais pèsent sur la trame.

Ici, le lecteur touche du doigt d'une part la passion de Walter, un jeune homme entravé par sa condition et son origine sociale, et qui côtoie pourtant un monde dont la porte soudain lui est temporairement ouverte par l'intermédiaire de Lionel, et d'autre part la situation des artistes juifs à la veille de la Deuxième Guerre Mondiale.

L'écriture porte ces sujets avec beaucoup de grâce, en dépit d'une structure qui semble parfois peu maîtrisée et qui, à mon sens, risquera de perdre quelques lecteurs.

Il reste que Sulzer prouve ici encore un art du récit singulier, une voix qui le distingue, et c'est sans doute ce qui est le plus difficile à acquérir, pour un écrivain.


Pour vous si...
  • Vous aussi, si vous existez, votre vie, c'est d'être fan, d'être fan
  • Une protagoniste qui s'appelle Thérère est une raison suffisante pour lire un roman

Note finale
3/5
(intéressant)

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