samedi 22 août 2015

Aristote et Dante découvrent les secrets de l'univers, Benjamin Alire Saenz

De temps en temps, je me permets une petite excursion dans la littérature ado ou young adult. En cette rentrée, j'étais intriguée depuis quelque temps par un roman dont la blogosphère ado a pas mal parlé : Aristote et Dante découvrent les secrets de l'univers, de Benjamin Alire Saenz (inconnu au bataillon).


Je vous laisse vous figurer mon effroi à la vue d'un tel titre.

En tant que puriste absolue de tout, je déteste :
  • Les gens qui font des reprises de chansons qu'ils n'ont pas écrites et en présentent une version amoindrie (mention spéciale aux remix techno de pièces classiques comme par exemple l'Adagio d'Albinoni, là je pars en syncope)
  • La mise en scène trop moderne au théâtre ET SURTOUT à l'opéra qui va dépouiller à l'extrême ce qui était fait pour ne pas l'être / interpréter un peu trop librement (pas fan du Don Giovanni revu par Haneke ou de Madame Butterfly revu par Bob Wilson, donc)
  • La référence à tort et à travers à des figures historiques / culturelles majeures qui ne sont pas là pour se défendre, je trouve que c'est lâche et malvenu (Mozart l'opéra rock, j'en pleure encore de rage en me réveillant en sursaut la nuit)
  • Tout un tas d'autres choses que vous découvrirez petit à petit

Donc là, Aristote et Dante, vous voyez le tableau. J'ai bien failli développer une éruption cutanée à cause de cette saleté.
Étrangement pourtant, mon cerveau, affaibli par trop de galettes de riz et de pastèque qui ont constitué 90% de mon régime alimentaire pendant deux mois, n'en a pas tenu rigueur à ce brave Benjamin, si bien que j'ai même fini par céder aux recommandations de mes pairs de dix ans de moins, et je me suis élégamment ruée à la Fnac mardi pour en faire l'acquisition.

La lecture n'a pas traîné, je l'ai dévoré en une journée.


Le roman se présente comme une sorte de journal intime tenu par Aristote Mendoza, un jeune garçon solitaire d'origine mexicaine qui vit avec ses parents à El Paso à la fin des années 1980, et dont les préoccupations principales sont la relation taiseuse qu'il entretient avec son père depuis son retour de la guerre du Vietnam, et l'absence de son grand frère Bernardo, emprisonné, et dont ses parents refusent de lui parler.
L'été de ses quinze ans, il rencontre Dante Quintana qui lui apprend à nager, et ils deviennent amis. Dante est l'opposé d'Aristote à de nombreux égards : il est en quelque sorte aussi solaire qu'Aristote est lunaire. Débordant d'humour, de douceur, de compassion, d'intérêt pour les arts et d'assurance, Dante assume les traits singuliers de sa personnalité, alors qu'Aristote est beaucoup plus renfermé, indécis, en colère.
Et puis, Dante est gay.


Je ne donnerai pas pour ce roman de morceaux choisis, parce que bon, la littérature de jeunesse, c'est souvent affligeant quand on la sort du contexte, mais ça ne reflète en rien mon enthousiasme par ailleurs : passé le grognement de circonstance pour marquer la désapprobation dans le choix des noms, j'ai été conquise! Ça n'est pas mièvre comme redouté, ça n'est pas non plus mélo ou dégoulinant de bons sentiments comme il aurait été facile de le faire... Un roman d'ado qui parle donc admirablement, je trouve, du fait de se chercher / de se trouver / de s'accepter / de s'assumer.
Les personnages sont chou, l'histoire est chou, tout est chou. Je suis fan. <3
Un petit bémol sur la prise de conscience opérée à la fin, mais malheureusement je ne peux pas en dire plus sans spoiler, donc je vais m'abstenir... (cette dernière phrase est donc d'une inutilité prodigieuse).


  • Vous vous en calez des secrets de l'univers. On ne va clairement pas parler astronomie.
  • Ça vous intrigue, deux petits mexicains qui s'appellent Dante et Aristote. Faut le faire, quand même.
  • Vous aimez les jolies couvertures. Sans blague, elle est canon! C'est toujours comme ça avec la littérature d'ado, nous on se paie les vieux trucs moches et unis, et eux ils ont des livres avec plein de couleurs sur le devant et des lettres en relief.


5/5

(coup de cœur)

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