Pour amorcer la série des tops
mensuels, voici le top 5 de mes meilleures lectures de juin, qui a
une coloration étonnamment girl power, maintenant que j'y pense :
- En cinquième position : La ronde des prétendants, de Ghada Abdel Aal
L'auteur a acquis une réputation dans son pays en bloguant autour du sujet de sa recherche d'un mari. Elle le crie à qui veut l'entendre : elle veut se marier! Mais voilà, les prétendants défilent, tous plus incongrus les uns que les autres, et c'est à ne pas y croire, tant ils débordent d'arrogance et de bêtise et manquent de tact et de romantisme. On ne peut pas lui reprocher de faire la fine bouche, pourtant. Ses anecdotes ont été réunies dans un livre, qui déborde d'humour et de recul sur soi, et donne à voir une société égyptienne sévère pour les femmes qui ne trouvent pas de mari à peine sorties de l'adolescence. Instructif!
Pour vous si : vous n'êtes pas trop
regardant sur le style parfois oral et délié, que vous êtes
fasciné par les pyramides, et que vous non plus, vous ne trouvez pas
chaussure à votre pied, mais que c'est pas votre fauuuute!!!
- En quatrième position : Écarlate, d'Hillary Jordan
Ce roman, une sorte de dystopie, m'a beaucoup dérangée... L'ambiance est pesante tout du long : aux Etats-Unis, à l'issue de la deuxième guerre mondiale, l'explosion des prisons a conduit les autorités à trouver d'autres alternatives pour punir les criminels, désormais teints pour marquer leur faute, et relâchés dans la société où ils font des cibles de choix pour les citoyens. On est face à une interprétation moderne de la Lettre écarlate de Hawthorne. Une jeune femme tombe enceinte sans être mariée et se rend coupable du délit d'avortement; elle est teinte en rouge. Le roman retrace son parcours à partir de son internement.
Pour vous si : vous aimez le rouge. Et
les thèmes de société, comme l'avortement, la fausse pudibonderie
américaine, tout ça tout ça. Oh et sinon, si vous avez aimé
l'excellent Mississipi, précédent roman d'Hillary.
- En troisième position : Les amants papillons, d'Alison Wong
En Nouvelle Zélande (enfin je crois), une femme se retrouve sans mari lorsque ce dernier abruti meurt bêtement (si mes souvenirs sont bons) et avec deux adorables bambins à charge. Elle fait la rencontre de Yung, un chinois qui tient avec son frère une boutique de primeurs, et là... paf. Trêve de plaisanteries, c'est un récit poignant qui pose un regard très intéressant sur la place des femmes dans la société décrite et sur la violence de la xénophobie au quotidien, en particulier à l'encontre des Chinois. Une chute attendue mais beaucoup de finesse dans l'écriture, j'ai été enchantée.
Pour vous si : vous êtes asiatique et
vous avez toujours eu peur que les filles ne vous trouvent pas à
leur goût. Et aussi, si vous aimez les fruits, il y en a à chaque
page.
- En deuxième position : Le manoir de Tyneford, de Natasha Solomons
Elle m'avait fait rire avec La galerie des maris disparus. Avec le manoir de Tyneford, j'ai eu plaisir à retrouver la verve de Natasha Solomons, son humour caustique y compris dans les situations qui ne s'y prêtent pas, et qui contribue à rendre ses personnages très attachants. Le sujet n'est pourtant pas glorieux : une jeune fille juive de bonne famille autrichienne est contrainte de trouver une place de domestique dans un manoir anglais pour fuir son pays, à la veille de la seconde guerre mondiale.
Pour vous si : vous n'avez pas peur
d'une énième histoire sur la deuxième guerre mondiale et que vous
avez toujours rêvé de voir la fille un peu moche auquel personne ne
prête attention dans les histoires classiques pécho le BG du coin.
Par contre ne venez pas pleurer ensuite si TOUT ne se passe pas comme
prévu. Il faut avoir des plans B dans la vie, l'anticipation est la
clef d'une existence paisible.
- En première position : Les filles de l'ouragan, de Joyce Maynard.
Une reco de Nombre Premier qui sait toujours parler à mon cœur. Deux petites filles, Dana et Ruth, naissent le même jour dans la même clinique, mais il semble s'agir du seul pont entre leurs vies, tant leurs familles et leurs personnalités sont dissemblables. A mesure que leur vie s'écoule, cependant, leur lien resurgit et révèle des choses du passé enfouies depuis longtemps. Un beau roman à deux voies, des personnages fouillés et consistants, une chute attendue mais qui n'empêche pas que l'histoire soit captivante grâce à un style fluide. Un très bon moment de lecture!
Pour vous si : vous avez toujours adoré
les histoires de famille, avec un petit inceste au bout du couloir.
Et que vous déplorez de ne pas avoir suivi votre instinct de
renoncer à vos études pour cultiver votre jardin.
Les flops en quelques lignes :
- Gone, de Michael Grant :
Il va falloir me rendre à l'évidence,
peut-être que je ne suis plus faite pour la littérature jeunesse...
Enfin, je vais l'attribuer momentanément au manque d'originalité de
ce cher Michael, qui reprend un scénario déjà visité habilement
par des écrivains mineurs dont le nom ne vous dira rien (coucou
William Golding), pour en faire... pas grand chose. Je n'ai pas la
force d'aller explorer davantage la saga, vous m'en excuserez.
Pour vous si : vous n'aimez pas
l'originalité, en fait ça vous ulcère, vous préférez de loin une
histoire attendue et prévisible, avec : un gentil garçon, une
gentille fille, tous les deux plutôt dans les canons de la beauté,
avec des amis un peu boulets probablement parce que moins beaux, mais
gentils dans le fond et qui permettent de montrer combien les héros
ont de la grandeur d'âme puisqu'ils les considèrent quand même
comme leurs amis alors qu'ils sont moins cools. Et aussi, des
méchants aigris qui méritent un bon coup de pied aux fesses. Avec
rebondissements et dénouement à la hauteur du scénario d'Avengers.
Enjoy.
- La carte et le territoire, de Michel Houellebecq :
Aaaah Houellebecq. Je le pourris depuis des années. Et pourtant. Il faut admettre que c'est la première fois que je me hasarde à lire de lui un ouvrage EN ENTIER (j'entends d'ici la salve méritée d'applaudissements). Et bien, vous ne m'y reprendrez pas à deux fois. En fait, je trouve même que vous m'en devez une (une pouvant représenter beaucoup de choses : une lecture pourrie, une bière, une casserole de gnocchis, une combustion spontanée...), pour avoir lu cette chose-là afin de pouvoir vous en dire un mot. En plus il paraît que c'est l'un de ses meilleurs. Pour ma part, j'aime bien les livres qui ont un peu d'âme. J'exagère : le massacre de sa personne était à la hauteur de mes espérances, merci pour ça.
Pour vous si : vous n'aimez pas non
plus Houellebecq : la visualisation de son corps mutilé apporte, je
dois le dire, une certaine satisfaction. Allez-y aussi si vous avez
une passion pour les cartes Michelin, c'est rare de les trouver dans
la littérature (contrairement aux sentiers de rando où tout le
monde en a une, exception faite des innocents néophytes).
Amis de Houellebecq, ne m'en tenez pas
rigueur!
Une bien bonne journée à vous!
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