Celui-ci, je l'ai vu distinctement me
faire la cour, avec sa première de couverture aguicheuse aux tons
bleutés, cette sulfureuse allitération en A (6 dans le nom de
l'auteur, trois dans un titre de 13 lettres), et l'évocation d'un
lieu aussi exotique que cool : Blue Bay Palace...
Comme, en plus, il est minuscule (125
pages), cela aurait été du vice de m'en détourner.
Maya a grandi a Blue Bay, un coin
reculé de l'île Maurice.
A 16 ans, elle vit avec sa famille dans
une rue délabrée, ses yeux pétillent lorsqu'elle entend le nom de
villes comme Mahébourg, et pour le reste, elle est, selon ses
termes, une adolescente ordinaire, à lire Paris-Match et Gala, à
chantonner le générique de Titanic, et à rêver au premier baiser.
Lorsqu'elle rencontre Dave, elle
s'éprend de lui sur le champ. Il est plus âgé, il est élégant
et, à ses yeux, il est prodigieusement beau. Ce qu'elle apprend
encore, c'est qu'il est l'héritier d'un grand entrepreneur, et qu'il
est en réalité le patron de son propre père.
Mais cela est secondaire pour elle. Il
est son grand amour, à n'en pas douter.
Pendant deux ans, ils vivent une
passion dévorante non loin du regard consentant de sa famille qui
voit en cette idylle l'occasion inespérée d'une ascension sociale.
Jusqu'à ce que la réalité la
rattrape.
Bon j'essaie de ménager la chute, mais
en clair, ce n'est pas à une bluette que l'on a affaire.
La mise en place de l'intrigue est
rapide, et l'on suit Maya sur trois années, durant lesquelles on la
voit s'épanouir puis se flétrir sous le coup de la révélation qui
vient couper court à sa romance.
Peu à peu, elle devient obsédée,
irrationnelle, elle sombre dans la démence, le genre de démence qui
ne peut être causé que par une passion dévastatrice et
fusionnelle.
Ma première impression, c'est que le
livre est court (ma perspicacité m'étonnera toujours).
Un peu trop à mon goût pour que l'on
ait le temps de s'attacher aux personnages, de créer un lien avec
eux, et d'être foudroyé par la descente aux enfers de Maya.
Par ailleurs, il est aussi inégal. Il
y a des passages très bien écrits qui m'ont transportée, et
d'autres qui ne m'ont pas paru à la hauteur.
J'ai donc un sentiment global mitigé,
la plume et l'idée me semblent prometteuses, mais ne parviennent pas
à faire du roman une pépite brute, comme je l'entrevoyais lors des
premières pages.
Vous êtes persuadé qu'il n'y a que
Kate Middleton qui s'en tire bien comme roturière avec un prince et
un happy ending.
"Je me suis redressée brusquement
et une goutte de sueur s'est échappée derrière mon oreille. Elle a
suivi un moment la ligne de ma mâchoire, a glissé le long de mon
cou pour trouver son chemin entre mes seins. Aujourd'hui encore, je
la sens, cette trace première qui m'a marquée jusqu'au creux de mon
ventre. Je regardais en silence ce garçon qui se tenait devant moi
et tout ce que je sentais, c'était cette goutte de sel qui me
caressait l'oreille, la mâchoire, le cou, la peau tendue entre mes
seins pour mourir dans mon nombril. J'ai eu l'impression stupide et
pourtant si agréable que c'était son doigt qui descendait
lentement, lentement..."
"C'est facile de mourir à Blue
Bay. Il suffit, un lundi matin par exemple, quand il n'y a personne à
la plage, que je descende le long du sable et que je marche dans la
mer. Je sais que plus loin, vers la jetée, il y a un courant venu
des brisants qui aspire pour ne jamais rendre. Je saurai où le
trouver. A cet endroit, la surface de l'eau est toujours brouillée,
comme si elle souffrait de l'intérieur. Ça prendra dix minutes à
peine."
2/5
(pas mal)
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