En ce moment, j’essaie d’écrire une histoire qui m’oblige à me replonger dans mon adolescence (et oui, je ne suis qu’une relou de plus qui entend bien abreuver le monde de ses prétentions d’écriture en commettant des productions vaseuses sans douter une seconde que ça va intéresser quelqu’un \o/).
C’est pénible.
Il y a dans ce ressassement improductif une sorte de nostalgie débilitante, qui me fait voir des ratés et des actes manqués là où je n’ai, à l’époque, éprouvé aucun de ces sentiments (voir éprouvé aucun sentiment du tout).
Bref, je suspecte que, parfois, la mémoire brode toute seule. Peut-être pour me faire croire que mes non-tribulations d’antan recelaient des intrigues passionnantes? Si je cède un jour et que je finis par y croire, s’il vous plaît, jetez-moi des prunes (citrons et oranges proscrits ainsi que tout autre fruit/légume dont la circonférence est plus large que celle de la prune ou la consistance plus ferme).
C’est dans cet état d’esprit un peu partagé que je suis tombée sur Lignes brisées, d’Harold Cobert, sur le présentoir de la bibliothèque.
Deux personnages qui se croisent et qui se manquent depuis la puberté et jusqu’à une maturité bien installée; l’écho a été immédiat, et la curiosité l’a emporté.
Le synopsis
A quinze ans, Gabriel et Salomé se sont aimés. Elle a renoncé à la danse, une passion qui la définissait, il pense intimement que c’est à cause de lui. Il la quitte pour une autre fille.
Les années passent, ils se croisent, l’histoire d’antan n’est jamais résolue. Le récit la retrace, depuis ses débuts jusqu’à leur confrontation, une fois devenus adultes.
Mon avis
Certaines pages valent le détour, cependant j’ai trouvé l’ensemble peu homogène. La première partie m’a convaincue, mais l’altercation finale, vers laquelle tout converge, ne m’a pas semblé à la hauteur, par moment le dialogue se perd dans des méandres presque mélodramatiques qui font perdre de sa force au roman.
J’ai apprécié la plume de l’auteur ; il me faudra je pense m’essayer à une autre de ses oeuvres pour me faire une meilleure idée de son travail.
Une bonne lecture donc, mais quelques inégalités à mon sens.
Pour vous si...
- Vous ne renoncez jamais, et votre vivier est quelque chose que vous prenez très au sérieux (pour plus de détails, vous reportez à la brillante théorie de Nombre Premier)
- Vous aimez bien le Pays basque
Morceaux choisis
"Il y a deux sortes d'amours manquées : celles qui n'ont jamais commencé et dont on ne connaîtra jamais les regrets, et les pires, celles qui n'ont commencé qu'après avoir fini - et qui n'en finissent pas de mourir sans que nous ayons pu les vivre jusqu'au bout" (Jean-Edern Hallier)
"Je m'écoute écrire, confonds le bon mot et le mot juste. J'écris tout ce qu'il ne faut pas écrire pour un jour commencer à écrire réellement."
"Tu vis dans l'exigence de ceux qui veulent servir un art; je vis dans la désinvolture de ceux qui veulent s'amuser. [...] Tu n'as pas eu cette insouciance, toi qui étais une adulte dans un corps d'enfant, tendue toute entière vers la quête du geste parfait et l'accomplissement d'une vie".
"Les premières impressions laissent souvent des marques indélébiles, surtout les mauvaises."
"Le chleuasme est une autoapologie par antiphrase pour susciter une réaction compensatrice de l'auditoire!" (je ne plaisante pas, il y a vraiment un point d'exclamation à la fin. Il faut s'imaginer qu'il devait être satisfait de le placer, celui-là, c'était pas évident...)
"Tous les goûts sont dans la nature. Surtout les mauvais."
Note finale
2/5
(pas mal)
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