lundi 14 septembre 2015

Taro, un vrai roman, Minaé Mizumura

J’ai du trouver Taro dans une liste sur le site de ma bibliothèque ou quelque chose comme ça. Pour être honnête, la première fois que j’ai voulu l’emprunter, j’ai renoncé du fait du volume : 600 pages, il fallait prévoir plusieurs jours pour en venir à bout! Mais j’ai fini par surpasser mon appréhension initiale, après tout, discriminer sur la taille, ce n’est pas très correct, et on en a tous souffert pour une raison ou une autre.


Le synopsis

La narratrice, Minae Mizumura, se confond avec l’auteur de par son nom mais aussi son parcours et sa vocation littéraire. Un jour, un jeune homme venu l’attendre à l’université lui raconte l’histoire d’un homme qu’elle a autrefois côtoyé, Taro, qui lui a été rapporté par Fumuki, l’employée de Taro. Bouleversée, Minae décide d’en faire l’objet de ce roman.
Orphelin, Taro est élevé par la famille de son oncle qui le maltraite et l’exploite. Lorsqu’une vieille dame, appitoyée, le prend sous sa protection, sa vie change. Il peut enfin se consacrer à l’étude et passe ses journées avec sa petite fille, Yoko; ils deviennent très liés. A l’adolescence, la mère et les tantes de Yoko commencent à voir d’un mauvais oeil cette amitié complice, et, à la mort de leur mère, Taro est éloigné, rendu à sa famille adoptive qui rompt rapidement sa promesse de l’envoyer à l’université avec l’argent qui lui a été légué à cette fin.
Conscient de sa condition et du fossé qu’elle creuse entre Yoko et lui, Taro n’a de cesse de travailler pour tâcher de s’élever et mériter enfin Yoko.
Il disparait alors aux Etats-Unis, et ne reparaît au Japon que des années plus tard, à la tête d’une fortune colossale.
Entre-temps, Yoko a épousé Masayuki.
Mais elle n’est pas prête à renoncer à Taro.

Mon avis

La mise en place est assez longue, autant vous prévenir : plus de 300 pages avant que l’on n’entre véritablement dans l’histoire de Taro, après une contextualisation qui prend du temps, mais donne bien sûr de la profondeur à l’histoire qui va suivre.
En revanche, dès que l’on se plonge dans l’enfance et le parcours de Taro, il est difficile de lâcher le livre, les relations sont dépeintes avec beaucoup de finesse et laissent entrevoir les émotions vives qui ne sont jamais dites, mais qui transparaissent à travers les préjugés, les murs auxquels Taro se heurte.
Ce roman m’a donc beaucoup plu! Il n’y a honnêtement que les 300 pages du début qui m’empêchent de le proclamer coup de coeur, mais j’ai été par ailleurs envoûtée par Taro auquel on trouve le désespoir et l’ambition de Gatsby, par Yoko qui est capable d’autant d’égoïsme et d’impulsion qu’Emma Bovary, par cette fresque enfin, qui pourrait rappeler les Hauts de Hurlevent. L’intrigue mobilise ainsi des références majeures, mais n’en est pas plus pâle à leur côté. La fin m’a quelque peu déçue, notamment le rôle attribué à Fumuki qui me paraitrait presque de trop.

Pour vous si...
  • Vous avez apprécié l’un des classiques sus-cités (ah ah, pas facile à placer, je ne suis pas peu fière...)
  • Vous n’êtes jamais trop concentré pendant les premières pages d’un livre. Ici, n’hésitez pas à laisser votre esprit gamberger pendant 300 pages, de toutes façons les choses sérieuses commencent après.
  • Vous vous êtes toujours dit que, pour disperser des cendres, il fallait quand même faire attention au sens du vent.

Morceaux choisis

"Pour moi seul l'esprit comptait chez un homme. Il se traduisait par la hauteur de la volonté. Je ne savais pas moi-même ce que j'entendais par là, sinon une volonté virile de rechercher l'infini au loin."

"Je songeais à l'appartement insignifiant que j'habitais à Tokyo. Et à la mer étincelante que j'avais regardée debout à ses côtés sur la jetée, un jour d'été. Ce jour-là, je croyais être la seule à avoir un avenir. Je m'en étais même sentie coupable vis-à-vis de lui."

"Je n'ai pas le sentiment d'avoir vécu très longtemps, pourtant j'ai l'impression bizarre de ne pas être la même personne que celle que j'étais autrefois."

"Elle avait commencé à l'entraîner dans une relation qui a fait de sa vie une errance sans fin entre béatitude et supplice."


Note finale
4/5
(très bon)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire