mardi 25 octobre 2016

Avenue des mystères, John Irving

J'ai déjà dû vous en parler, j'abrite une lacune honteuse, ma méconnaissance de l'oeuvre de John Irving, dont je n'ai lu que A moi seul, bien des personnages, qui m'avait fort enthousiasmée.
Un de ces jours, je lirai Le monde selon Garp, c'est inévitable. En attendant, j'ai regardé du côté d'Avenue des mystères, le dernier roman d'Irving. 


Le synopsis

Alors qu'il se rend au Mexique, un écrivain âgé, Juan Diego Guerrero, revisite en rêve son histoire, depuis son adolescence mexicaine jusqu'à son accueil dans un cirque où il apprend le funambulisme, suivi, à la mort de sa soeur Lupe, de son adoption par un couple atypique formé par un homme et un transsexuel. 

Mon avis

En dépit de ma maigre familiarité avec Irving, il m'a semblé trouver dans son roman des thèmes déjà abordés dans A moi seul bien des personnages, à l'instar de la transsexualité et de l'identité.

Néanmoins, Avenue des mystères se démarque, et est très différent de ce précédent roman. Le lecteur peut suivre tout au long de récit, les tribulations d'un Juan Diego vieillissant et confus, entrecoupé de souvenirs issus de ses rêves, qui permettent d'appréhender celui qu'il était et celui qu'il est devenu.

Je retiendrai l'humour qui imprègne le roman : certains épisodes sont tout à fait cocasses, notamment les aventures de Juan Diego auprès de Miriam et de sa fille Dorothy, et Irving n'hésite pas à mobiliser des détails triviaux et néanmoins réalistes à ces occasions (ainsi la recherche acharnée du préservatif perdu). De même, le don d'extralucidité qui est celui de Lupe donne lieu à des scènes des plus comiques, de par son parler franc et vulgaire qui ne se voit opposer aucune sorte de filtre.

Les personnages sont par ailleurs souvent insolites : Juan Diego, d'abord, qui grandit avec sa sœur près de la décharge d'Oaxaca, et apprend à lire par lui-même, Lupe, vive et impulsive, l'auteur explorant dans le roman leur relation fraternelle peu commune, avec une sensibilité que l'on ne devine pas à première vue mais qui est indéniable, Flor, colorée et anti-conformiste, à l'histoire chaotique, et à laquelle l'amour d'Edward Bonshaw donne une nouvelle vie, jusqu'aux personnages secondaires qui ne sont pas banals, on peut penser à la Maravilla et à son sort sinistre, ou à Hugh O'Donnell, un ancien camarade de classe de Juan Diego que le hasard place de nouveau sur sa route plusieurs décennies plus tard.

Irving se délecte de tout ce qui jaillit de son imagination, et le lecteur avec lui, tâchant de le suivre et de démêler les époques évoquées, la rêverie et le réel, les faits originels et ceux qui parviennent au présent altérés par la mémoire.

Dans l'univers d'Irving, la vie palpite, on se heurte à la misère, à l'infirmité, à la maladie, aux vices humains, et à l'avidité sans borne de protagonistes entiers. C'est à la fois truculent et poignant, en un mot, jouissif!


Pour vous si...
  • Vous appréciez les romans audacieux
  • Vous êtes un inconditionnel de John Irving, ou simplement un amateur de la belle littérature américaine

Morceaux choisis

"_Est-ce que c'est notre seul moment? Notre seule porte ouverte sur l'avenir? Est-ce que c'est ce que Greene a voulu dire? Est-ce que c'est la fin de l'enfance pour nous?"

"Dans notre mémoire, dans nos rêves, les derniers moments de nos chers disparus prennent malgré nous le pas sur le reste de leur histoire. Dans les rêves, la chronologie n'existe pas, ni l'ordre des événements qui ont marqué les souvenirs des uns et des autres. Dans notre esprit comme dans nos rêves, il n'est pas rare que l'histoire commence par son épilogue."

"L'enchaînement des événements, la trame de nos vies, ce qui nous mène sur le chemin, vers les buts que nous nous sommes fixés, ce que nous ne voyons pas arriver et ce que nous faisons...autant de mystères, autant d'angles morts. Autant d'évidences, aussi."


Note finale
3/5
(cool)

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