Cher amour est un présent, je le signale parce qu'il est assez rare que l'on m'offre des livres, d'aucuns craignant de me gratifier d'un roman déjà lu (sauf mon paternel qui s'acharne et se retrouve immanquablement déçu à Noël, lorsque je déballe mon traditionnel cadeau et que je lui confesse qu'il a encore opté pour un livre que je connais déjà).
Un roman donc assez éloigné, au demeurant, de mes habituelles lectures, ce qui en faisait un objet de curiosité d'autant plus précieux.
Le synopsis
Le narrateur, que l'on pourrait confondre à s'y méprendre avec l'auteur, parcourt les mers et les pays lointains. Il raconte ses voyages à une femme aimée dont il se languit, et mêle avec beaucoup de délicatesse les mythes, l'Histoire, les mœurs, ses souvenirs, et ce qu'il projette de cette femme dont il sait si peu.
Mon avis
Il y a beaucoup de choses qui m'ont plu, dans ce roman inattendu.
Les protagonistes en sont d'abord singuliers : le narrateur s'adresse à une femme mystérieuse avec laquelle se tisse une intimité à mesure que les lettres se multiplient, alors même que l'on comprend qu'il ne la connaît pas, qu'il l'attend, qu'il l'espère.
Le style, ensuite, est très poétique, on se laisse bercer par le récit, le rythme musical des phrases que l'on se plairait à lire à voix haute pour en goûter toute la richesse.
L'exotisme est absolu, comme vous l'imaginez : on vogue avec le narrateur en Amérique du Sud, en Océanie, en Asie, on découvre le monde à travers ses yeux d'explorateur et de cinéaste.
Il faut dire qu'il est un conteur hors pair : les histoires qu'il rapporte sont faites de légendes anciennes, de mythes, et l'on se perd avec délice dans les pans de l'Histoire.
L'apport culturel et sociologique est par ailleurs considérable : le narrateur ne cache pas la réalité parfois sordide, la misère qu'il croise, mais il décrit aussi les odeurs, la lumière, les couleurs, et rend ainsi leur lustre et leur grandeur aux pays qu'il parcourt.
Certains passages font référence à l'expérience d'acteur et de cinéaste du narrateur, et proposent des réflexions intéressantes sur le rôle du théâtre et de l'acteur.
Il est d'ailleurs divertissant de croiser en lisant les noms de grandes figures du cinéma français et étranger : Fanny Ardent, Charlotte Rampling...
Je retiendrai du roman tout le romantisme exacerbé qui confère à l'amour et à la séduction des allures allégoriques. L'identité se perd, on découvre les mots d'un homme à une femme aimée, les singularités se gomment au profit de ce qu'il y a d'universel dans le désir d'amour et l'expérience amoureuse.
Les protagonistes en sont d'abord singuliers : le narrateur s'adresse à une femme mystérieuse avec laquelle se tisse une intimité à mesure que les lettres se multiplient, alors même que l'on comprend qu'il ne la connaît pas, qu'il l'attend, qu'il l'espère.
Le style, ensuite, est très poétique, on se laisse bercer par le récit, le rythme musical des phrases que l'on se plairait à lire à voix haute pour en goûter toute la richesse.
L'exotisme est absolu, comme vous l'imaginez : on vogue avec le narrateur en Amérique du Sud, en Océanie, en Asie, on découvre le monde à travers ses yeux d'explorateur et de cinéaste.
Il faut dire qu'il est un conteur hors pair : les histoires qu'il rapporte sont faites de légendes anciennes, de mythes, et l'on se perd avec délice dans les pans de l'Histoire.
L'apport culturel et sociologique est par ailleurs considérable : le narrateur ne cache pas la réalité parfois sordide, la misère qu'il croise, mais il décrit aussi les odeurs, la lumière, les couleurs, et rend ainsi leur lustre et leur grandeur aux pays qu'il parcourt.
Certains passages font référence à l'expérience d'acteur et de cinéaste du narrateur, et proposent des réflexions intéressantes sur le rôle du théâtre et de l'acteur.
Il est d'ailleurs divertissant de croiser en lisant les noms de grandes figures du cinéma français et étranger : Fanny Ardent, Charlotte Rampling...
Je retiendrai du roman tout le romantisme exacerbé qui confère à l'amour et à la séduction des allures allégoriques. L'identité se perd, on découvre les mots d'un homme à une femme aimée, les singularités se gomment au profit de ce qu'il y a d'universel dans le désir d'amour et l'expérience amoureuse.
Pour vous si...
- Le gris hivernal vous donne des envies d'ailleurs
- Vous connaissez - ou pas! - le cinéaste, et voulez découvrir l'homme qui se cache derrière lui
- Vous êtes sensible à la musicalité des mots
Morceaux choisis
"J'ai une passion pour les ports, les marins. J'ai marché comme eux, en chaloupant sur les quais. Celui-là est une ville de containers, de docks privés, de gros remorqueurs qui tirent les rouliers vers le large, de grues qui plongent dans les ventres ouverts, à fonds de cale. Rick me fait comprendre que ce n'est pas là le plus intéressant, la beauté est ailleurs, là où l'on ressuscite les morts et les agonisants. Ce n'est pas un endroit touristique, il n'y a pas de boutiques, rien à acheter, rien à voir que de la tôle qu'on frappe, gratte et soude. C'est un cimetière et une ville sur l'eau, un autre port. Une grue drague et ce qu'elle rapporte du fond est immonde. L'homme va chercher dans les eaux troubles toujours."
"Joyeux Noël, mon amour.
Que faites-vous en cette soirée de petits cadeaux, avec qui dansez-vous? Bavardons, la nuit va être difficile sans vous. Vous êtes mon absente, l'espace entre le quai et le navire qui s'éloigne, une morsure, une alerte. L'absence est ce bord de table où tu avais posé ta main. Reviens dans la lumière et le vide n'aura plus de sens.
Dans L'Africain, Le Clezio dit qu'il n'aura jamais vu dans le regard de son père la lumière changer sur le visage de la femme qu'il aime. Je pense que c'est cela l'amour, regarder la lumière changer sur le visage de l'autre."
Note finale
4/5
(excellent)
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