Le grand retour des romans graphiques!
Cette fois-ci, sur le conseil avisé (et surtout le prêt charitable) de Nombre Premier, j'ai découvert un livre pas banal, constitué des interviews de Yann Benoît, qui retrace l'expérience singulière vécue dans les années 1970, lorsqu'il a participé à la constitution d'une communauté dans le Larzac.
Avec Nombre Premier, un jour, on va faire un kibboutz.
Alors naturellement, on se renseigne, on fait un benchmark, une sorte de consolidation des bonnes pratiques, avant de se lancer (dans 15 ans).
A tous les curieux, c'est par ici...
Le synopsis
Dans les années 1970, disais-je donc, un groupe de jeunes gens
Le roman retrace les motivations de ces hommes et de ces femmes, les difficultés rencontrées, le quotidien de la communauté, et les motifs de son échec.
Mon avis
Édifiant!!!
Le roman a le grand mérite d'essayer d'approcher le plus précisément possible la réalité de la communauté, et de ne pas chercher à dissimuler les aspects pratiques, y compris parfois négatifs qu'ont pu rencontrer ceux qui y ont pris part.
Il est particulièrement intéressant de voir les grands principes de départ, qui sont susceptibles de rassembler, aujourd'hui encore, beaucoup de gens désireux de trouver un mode de vie différent de celui qui est édicté en norme dans la société, s'éroder à l'épreuve du temps : les règles indispensables à la vie en collectivité finissent inéluctablement par être remises en cause, aménagées au nom de la survie de la communauté, à mesure que l'individualisme resurgit, et ces premiers signes de faiblesse signent l'arrêt de mort de l'entreprise commune initiale.
Je recommande vivement la lecture de La communauté pour les raisons suivantes :
Le roman a le grand mérite d'essayer d'approcher le plus précisément possible la réalité de la communauté, et de ne pas chercher à dissimuler les aspects pratiques, y compris parfois négatifs qu'ont pu rencontrer ceux qui y ont pris part.
Il est particulièrement intéressant de voir les grands principes de départ, qui sont susceptibles de rassembler, aujourd'hui encore, beaucoup de gens désireux de trouver un mode de vie différent de celui qui est édicté en norme dans la société, s'éroder à l'épreuve du temps : les règles indispensables à la vie en collectivité finissent inéluctablement par être remises en cause, aménagées au nom de la survie de la communauté, à mesure que l'individualisme resurgit, et ces premiers signes de faiblesse signent l'arrêt de mort de l'entreprise commune initiale.
Je recommande vivement la lecture de La communauté pour les raisons suivantes :
- Il est important de savoir comment on fait le cochon (je parle de tuer le cochon et aux activités qui en résultent : le boudin, etc etc), à défaut de le vivre "pour de vrai"
- Une idée largement répandue est que ces communautés visaient surtout à rendre possible des pratiques sexuelles complètement libérées, voire débauchées : le roman tord le cou à ces préjugés, en montrant que la motivation sexuelle n'était pas motrice dans l'entreprise que l'on analyse, et les mœurs sexuelles ont fait l'objet de règles spécifiques, tout comme les autres aspects de la vie sociale
- Si l'on voit dans le roman l'échec de la communauté, il est tout aussi intéressant d'en extraire ses réussites, et les aspects positifs qui ont marqués cette forme insolite de vie collective : les enfants qui ont grandi dans la communauté ont eu une enfance très riche d'enseignements et très libre
- Enfin, il est tout de même utile de réfléchir aux motifs d'échec de la communauté - surtout si on veut faire un kibboutz :
- La difficulté, voire l'impossibilité, de prendre des décisions collectives du fait de l'importance de l'opinion de chacun (pas de chef ou de responsable de groupe, il n'y a pas de hiérarchie dans la communauté)
- Le manque de reconnaissance individuelle, sur le long terme, nourrit des frustrations et des tensions
- De même, l'inégalité de contribution nourrit des frustrations et des tensions (l'implication au travail n'est pas la même pour tous)
- Le monde extérieur, sur le long terme là aussi, devient une tentation, et les envies personnelles qui y sont liées peuvent rejaillir à tout moment, rappelant l'inclination au consumérisme condamné par la communauté
- La vie dans la communauté peut produire un sentiment d'étouffement, un manque de liberté individuelle
- Pour finir, l'instauration du salaire (absent dans le fonctionnement initial de la communauté, qui se basait sur des caisses collectives, tout appartenant au groupe) a fissuré l'idéologie de départ : tout le monde s'est mis à travailler à temps plein pour gagner plus, et les motivations propres à la société capitaliste ont pris le dessus
Un guide instructif, donc, pour quiconque envisage d'aller un jour élever des chèvres quelque part avec un clan d'amis, à l'écart de l'agitation urbaine et des démoniaques tentations du MacDo / Domino's / Fnac / Décathlon et autres paradis marchands.
Pour vous si...
- Vous voulez vous aussi faire un kibboutz
- A défaut, vous vous intéressez aux modes de coexistence alternatifs à la société moderne
- Ou alors, vous êtes juste curieux
Morceaux choisis
"Chacun avait ses propres motivations, totalement différentes selon son milieu, son passé. C'est ça l'utopie, un désir fort d'autre chose qui va balayer tout. Sauf que ça ne marche jamais et pourtant, il y aura toujours quelqu'un pour chercher la bonne formule."
"Parfois, je me dis qu'il faudrait vivre d'abord, se comprendre et se connaître et après seulement, faire une communauté, ou autre chose. Là, ça pourrait peut-être marcher..."
Note finale
4/5
(grave cool)
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