mercredi 27 janvier 2016

Je suis là, Clélie Avit

Le roman de Clélie Avit a été en 2015 lauréat du concours Nouveau Talent organisé par la Fondation Bouygues Télécom. Il m'intriguait donc par le seul fait d'exister : gardons en tête qu'il s'agit du roman d'une inconnue totale, qui, remportant le prix, a vu son bouquin publié chez Lattès et ensuite traduit dans 17 langues. Un conte de fée moderne, si on veut. Impossible de ne pas aller voir à quoi ressemble l'heureux élu à un tel destin.



Le synopsis

Lorsque Elsa se réveille un jour, elle comprend qu'elle est dans le coma depuis cinq mois, suite à un accident d'alpinisme, et que seule son ouïe lui a été rendue : elle est prisonnière de son corps, incapable de signifier à ceux qui l'entoure, famille amis infirmières et médecins, qu'elle a repris conscience, et qu'elle les entend autour d'elle.
Un jour, un inconnu se trompe de chambre, et se trouve bien dans la sienne, si bien qu'il y fait une petite sieste, avant de tomber nez à nez avec sa sœur et ses amis venus lui rendre visite.
Il s'appelle Thibault, et accompagne sa mère venue voir son frère suite à un accident de voiture dans lequel il a tué deux adolescentes.
Thibault éprouve des sentiments violents à l'égard de son frère, et le réconfort qu'il trouve dans le silence paisible et l'immuabilité de la chambre d'Elsa en fait pour lui un havre de paix.
Mais, à mesure qu'il revient s'abriter là, une sorte de lien étrange naît entre lui et cette fille dans le coma, tandis que le corps médical, jugeant le cas désespéré, encourage les parents d'Elsa à débrancher leur fille. 

Mon avis

Je suis là est un roman intéressant! (et croyez-moi, je suis surprise!)
Et j'ai compris, en le lisant, le succès qu'il avait pu rencontrer.

Parmi les bons points : 
- Le synopsis alléchant : on est tout de suite sous tension, sentant les ennuis et les échéances arriver, et, forcément, ça instille une sorte de suspense, d'attente nerveuse : va-t-on oui ou non débrancher Elsa, quand, et surtout, va-t-elle sortir de son coma avant, ou va-t-elle lentement se sentir mourir lorsqu'elle ne bénéficiera plus de l'assistance respiratoire?
- L'intrigue progresse bien, l'alternance entre les chapitres narrés par Elsa et ceux narrés par Thibault garantit une certaine variété, car si la totalité du livre avait été conté depuis le point de vue d'Elsa, le lecteur aurait pu se lasser. Ici, les rebondissements arrivent à point nommé, les personnages se dévoilent assez rapidement, et l'enjeu n'est bientôt plus que le happy ending, dont on peut, au demeurant, douter.
- Beaucoup de personnages secondaires pas toujours très profonds, mais qui permettent de mettre en place un univers qui marche bien, et qui n'est pas dépeuplé : la sœur et les amis, le frère et la mère, le meilleur pote et son bébé, la femme de ménage, le médecin et les internes... Elsa et Thibault n'évoluent pas au milieu d'un vide sidéral, c'est assez réconfortant.

Les points un peu bancals : 
- L'écriture, bien sûr : ici, c'est l'histoire qui prime, et la plume de l'auteur n'est pas exactement ce que l'on pourrait qualifier de littéraire ou de travaillée. Elle rend en revanche la lecture aisée, et le livre facile d'accès.
- Les personnages donnent parfois l'impression d'être plus proches de deux adolescents que de trentenaires : la façon de parler de Thibault m'a fait sourire, et le fait de l'affubler d'un meilleur ami qui est papa et de lui fourrer sa filleule dans les pattes ne suffit pas à en faire un personnage d'homme crédible : Thibault ressemble plus à un lycéen qu'à un consultant en écologie.
- Le pathos : il y en a pas mal, évidemment : tout ce qui entoure le frère de Thibault semble être parfois un peu artificiel, notamment vers la fin du roman, mais bon, le ressort dramatique a son utilité, je peux comprendre que l'auteur ait songé que cela viendrait renforcer le côté "sérieux" de son récit (même si, pour moi, c'est plutôt le contraire du coup).

En bref, un roman qui a beaucoup pour plaire à un certain type de lectorat (appréciant le style fluide, le suspense bien mesuré, le tragique qui se confronte à l'amouuuuur), donc si vous faites partie de ce lectorat, ne vous privez pas, vous passerez un bon moment.


Pour vous si...
  • Vous êtes un adepte de la feel good litterature, mais avec un peu de mélo quand même (tout n'est pas si facile dans la vie, enfin!)
  • Vous avez aimé Jojo Moyes - le roman de Clélie Avit n'est peut-être pas de ce calibre, mais s'en rapproche dans le style, le ton et le sujet.

Morceaux choisis

"Moi, je n'ai pas l'impression d'avoir perdu ni d'avoir gagné. Je n'ai aucune impression du tout. Je veux juste sortir du coma.
Je veux avoir froid, faim et peur pour de vrai."


Note finale
3/5
(cool)

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